Concilier protection des patrimoines et transition écologique
Les patrimoines sous toutes leurs formes : œuvres, bâtiments, sites, patrimoine archéologique, patrimoines immatériels... possèdent leurs propres enjeux et leurs propres règles de protection, dont le ministère de la Culture est le garant.
Du fait de la montée en puissance et de la diversité des enjeux écologiques, et de la nécessité de mener une transition écologique globale, des approches pratiques conciliant les deux impératifs sont définies progressivement.
Des instructions publiques pour clarifier le cadre
Les administrations de l’État ont déjà été amenées à identifier les bons équilibres entre un impératif patrimonial et le défi écologique. Ces instructions publiques répondent ainsi à un besoin des acteurs de terrain qui mènent des chantiers de transition écologique, et à une attente forte des acteurs du patrimoine.
C'est notamment le cas :
- pour la restauration de la continuité écologique des cours d'eau, où une circulaire interministérielle est venue définir une approche adaptée ;
- pour la prise en compte du patrimoine dans le cadre des projets éoliens : le ministère de la Culture a publié en 2020 un guide dédié ;
- pour l'implantation de panneaux photovoltaïques aux abords du patrimoine : une instruction interministérielle a été adressée fin 2022 aux préfets de région pour favoriser les meilleures pratiques, complétée d'un guide en novembre 2023.
Télécharger le Guide de l'insertion architecturale et paysagère des panneaux solaires (2023) :
Le chantier de la réhabilitation du bâti patrimonial
Le secteur du bâtiment émet environ 123 millions de tonnes de CO2 par an en France. Il représente 43 % des consommations énergétiques annuelles françaises et il génère 23 % des émissions de gaz à effet de serre. La seule surface des bâtiments de l’État est de 99 millions de mètres carrés de surface brute utile, construits à toutes époques.
On estime que le tiers environ des surfaces bâties en France se retrouve dans un espace réglementé au titre du patrimoine: monument historique, un site patrimonial remarquable, ou à leurs abords.
Ces bâtiments et ces espaces protégés au titre du patrimoine ont des spécificités à prendre en compte lors de la rénovation ou de l’adaptation énergétique et climatique : protection de l'apparence extérieure et de la cohérence d'un quartier ou d'une continuité urbaine, nécessité de recours à certains matériaux, protection patrimoniale des espaces intérieurs eux-mêmes…
Le ministère de la Culture entend approfondir cette question avec :
- Le recensement des bonnes pratiques pour la gestion écologique du patrimoine bâti ;
- Une expérimentation sur des chantiers de réhabilitation a été menée autour du Label Effinergie Patrimoine ;
- Un travail conjoint avec le ministère de la Transition Énergétique autour du Diagnostic de performance énergétique, notamment pour renforcer l'information et la formation de l'ensemble des parties prenantes concernées ;
- Des conseils sur les économies d’énergie dans les bâtiments d’intérêt patrimonial à usage tertiaire : éviter les travaux à caractère systématique, privilégier les interventions durables, entretenir avant tout, respecter les caractéristiques du bâti.
Le suivi de la consommation des fluides dans les bâtiments de l'Etat : l'outil OSFi
Dans ses propres bâtiments, y compris patrimoniaux, l’État a déployé au cours de l’année 2020 un outil de suivi de la consommation des fluides (nommé OSFi) afin d’obtenir une cartographie énergétique fiable de son parc immobilier et d’optimiser sa facture énergétique, et a publié en open data la liste et la carte des bâtiments propriété de l’État, en précisant leur surface et le type d’énergie utilisée pour leur chauffage.
Suite à l'entrée en vigueur du dispositif Eco Energie Tertiaire en 2019 (issu du décret tertiaire), l’ADEME a développé la plateforme numérique OPERAT (Observatoire de la performance énergétique de la rénovation et des actions du tertiaire) qui permet de renseigner les consommations des assujettis, de suivre et de vérifier l’atteinte des objectifs. La plateforme fournit les consommations après correction des variations climatiques, et les émissions de gaz à effet de serre. Une évaluation quant à la conformité à l’obligation est également disponible une fois la plateforme renseignée, ainsi qu’une attestation annuelle.
La question des villes durables est depuis plusieurs années prise en compte par les acteurs de l'architecture. Le ministère de la Culture entend inscrire au cœur de la qualité architecturale les enjeux de transition écologique, et appuyer davantage les services déconcentrés pour ce faire.
Initiatives & bonnes pratiques
La nouvelle extension de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs va en partie réutiliser les matériaux issus de la démolition d’un ancien bâtiment situé dans la cour.
Lancé en 2022, ce plan du ministère de la Culture vise à réduire la consommation énergétique du ministère et de ses opérateurs.
La rénovation du Palais de la Découverte a conduit à réemployer dans le « Palais éphémère », pour la structure et l’aménagement intérieur, des éléments de récupération du chantier.
En savoir plus sur le site d'Universcience
Il peut être intégralement démonté, transporté puis remonté sur un autre site. Confié au cabinet d’architecture A+ architecture, il a été construit en matériaux recyclables et notamment en bois labellisé PEFC ; sur le plan énergétique pour le chauffage, par un système d’isolation ultra performant, et pour l’électricité, par l’utilisation exclusive d’éclairage à LED (diode électroluminescente).
L'établissement présent sur l'Ile Seguin, à Boulogne-Billancourt, a été conçu par les architectes Shigeru Ban et Jean de Gastines qui ont retenu une structure ovoïde, enveloppée d’un treillage en bois et surmontée d’une voile de panneaux solaires.
En savoir plus sur le site de la Seine musicale
Signé en 2017 avec l’État et le CNV (CNM), il repose sur les projets de rénovation des acteurs des musiques actuelles, la majeure partie des lieux rénovés n’ayant pas ou très peu pris en compte les enjeux environnementaux (sobriété, efficacité, énergie renouvelable). La DREAL et les partenaires du contrat de filière prennent désormais en compte ces enjeux dans les soutiens aux rénovations de salles.
Page Appel à projet correspondante sur le site du ministère de la Culture
Il a réalisé un audit énergétique de certaines de ses salles de cinéma, ce qui a conduit à un groupement d’achat d’énergie de 16 salles du réseau sur 28. Cette mutualisation des dépenses énergétiques a permis d’effectuer grâce à un sourcing une économie financière de 15% sur la facture énergétique.
Dans le cadre d'Alternatives Vertes, le projet "Culture et climat" à La Réunion a reçu un financement pour la création et la mise sur le marché en Open Source, d’un progiciel de type « Plug-In » à l’usage des architectes, permettant d’améliorer la performance des constructions en matière de confort thermique, en prenant en compte le comportement des populations et leur résilience à l’inconfort.
Dans le cadre d'Alternatives Vertes, le CIAM a reçu un financement pour mener à bien une collaboration innovante pour la décarbonation du chauffage des structures itinérantes. Le projet vise à proposer de nouvelles méthodes de chauffage aux structures éphémères, afin de les rendre plus écologiques tout en répondant aux contraintes de l’itinérance. Le projet prévoit deux horizons temporels : l'adaptation du parc de matériel existant (dispositifs de chauffage et structures), et l'identification d'une solution totalement innovante et écologiquement plus ambitieuse, qui permettra aux nouvelles structures éphémères de répondre aux enjeux environnementaux.
En savoir plus sur le site du CIAM
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