Repenser l’alimentation et la restauration dans les lieux et évènements culturels
L'alimentation dans les lieux et évènements culturels, que ce soit par son origine, sa consommation, ou ses déchets, a une part non négligeable dans le bilan écologique d'un événement. Des solutions existent pour changer nos pratiques.
Les bénéfices d'une alimentation plus durable et responsable
Repenser les modes d’alimentation et le type d’aliments consommés peut permettre de réduire significativement l’empreinte écologique d’un événement culturel ou d'une structure culturelle au quotidien.
L’alimentation représente 22 % de notre empreinte carbone, soit le 3ᵉ poste le plus émetteur de gaz à effet de serre, après le transport (30 %) et le logement (23 %).
Un exemple :
Opter pour de la bière locale et biologique permet à un festival de réduire de 25% les émissions associées à la consommation de bière.
Faire évoluer notre alimentation, par exemple en la végétalisant davantage, a également d'autres avantages : une meilleure santé, plus de variété alimentaire, et des économies.
Cependant, les questions autour de l'alimentation sont nombreuses et les réponses complexes : Quel est l'impact de notre alimentation sur l'environnement ? Comment faire pour devenir des mangeurs plus conscients, plus engagés en faveur d'une alimentation durable ? Peut-on manger davantage de bio ? Et si un tiers de la production alimentaire mondiale est gaspillé ou perdu chaque année, que pouvons-nous faire à notre échelle ?
Face à l'importance de l'enjeu et à sa transversalité, la législation a évolué pour encourager une alimentation plus soutenable. La loi « EGalim » (Loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous) a 3 objectifs que le secteur culturel peut garder en tête :
- Payer le juste prix aux producteurs, pour leur permettre de vivre dignement de leur travail ;
- Renforcer la qualité sanitaire, environnementale et nutritionnelle des produits, en insistant d’une part sur les conditions sanitaires et environnementales de production, d’autre part sur la prise en compte du bien-être animal ;
- Favoriser une alimentation saine, sûre et durable pour tous, notamment en fixant un seuil obligatoire de 50% de produits durables ou sous signes d'origine et de qualité, dont des produits bio, dans la restauration collective publique à partir du 1er janvier 2022; en luttant contre le gaspillage alimentaire avec par exemple la possibilité étendue à la restauration collective et à l’industrie agroalimentaire de faire des dons alimentaires, ou encore en réduisant l’utilisation du plastique dans le domaine alimentaire.
A ce titre, le ministère de la Culture s'engage lui aussi : le prestataire choisi en 2019 pour le restaurant administratif du site des Bons-Enfants veillait à proposer une alimentation plus durable. Cette démarche a été intensifiée lors du renouvellement du marché public de restauration collective en 2023.
3 leviers d'action pour mettre en place une alimentation plus durable
Lutter contre le gaspillage alimentaire
Les évènements sont confrontés à des contraintes organisationnelles et économiques indéniables, face auxquelles la lutte contre le gaspillage alimentaire passe parfois au second plan. Pourtant, des progrès peuvent être faits à toutes les échelles, et menés par différents acteurs :
- L’organisateur : il est le premier à pouvoir limiter le gaspillage, avec des actions en amont. En bref : fixer des quantités raisonnables, avec l'aide du traiteur, anticiper les conditions de conservations des produits, et penser à la logistique nécessaire pour récupérer les excédents.
- Le traiteur : avant tout, il doit respecter les proportions de la commande et surveiller la chaîne du froid pour éviter toute perte. Dans la mesure du possible, il doit préparer les plats sur place et donner les surplus récupérés. Enfin, il doit être sensibilisé aux questions environnementales, et doit privilégier le circuit court.
- Le lieu : le lieu choisi doit inciter au choix de prestataires locaux et doit permettre une gestion des bio-déchets (poubelles identifiées, compostage, prestataire de collecte…). La qualité des installations et des branchements doit être un critère de choix du lieu, afin d'éviter des pertes.
- Le public : le public doit être clairement informé de la démarche écologique et anti-gaspillage de l’événement à travers une campagne de communication. Il doit être incité à ne pas se servir plus qu’à sa faim et invité à faire des efforts pour une alimentation durable, pendant et après l'évènement.
De nombreux prestataires externes proposent déjà de récupérer les surplus d'évènements.
Emballages alimentaires et vaisselle jetable : s'en passer, mais comment ?
Les emballages alimentaires (notamment plastiques) et la vaisselle jetable sont une source de déchets considérable. Dans la mesure du possible, il faut donc privilégier la vaisselle réutilisable, éliminer le plastique à usage unique… Les emballages recyclables ont certes un impact moindre, mais le meilleur déchet reste celui qu'on ne produit pas !
Depuis janvier 2020, le ministère de la Culture s’est engagé dans la suppression du plastique à usage unique.
En administration centrale :
- Des gourdes métalliques ont été distribuées aux agents ;
- Des gobelets biodégradables avec touillettes en bois sont désormais utilisés dans tous les distributeurs de boissons chaudes ;
- Les bouteilles d’eau plate ont été supprimées des distributeurs ;
- Cette suppression a également été appliquée au restaurant du personnel, et aux prestataires (traiteur, plateaux repas)
Réduire la consommation de viande bovine : un levier d'action accessible et très efficace
Aujourd’hui, l’élevage représente à peu près 10% des émissions de gaz à effet de serre en France, la moitié des émissions liées à l’agriculture. Il est notamment la première cause d’émissions en France de méthane (68% du total) et de protoxyde d’azote (89%), des gaz à l’effet de serre beaucoup plus puissant que le CO2.
C’est la raison pour laquelle le Gouvernement souhaite encourager une consommation plus raisonnée de viande : manger moins souvent de la viande, et de la viande de meilleure qualité, est bon pour les individus comme pour le climat.
A retenir :
Inclure des clauses relatives à la lutte contre le gaspillage, à la réduction des déchets ou à la végétalisation de l'alimentation dans les appels à projets lancés pour vos futurs évènements est un moyen fort de s'engager durablement pour une alimentation soutenable.
Exemples d'initiatives & bonnes pratiques
En 2023, We Love Green, festival de musique réunissant plus de 100 000 spectateurs en île de France, s’engage dans une restauration totalement végétarienne. De plus, la vaisselle réutilisable est consignée pour éviter les emballages. Les efforts principaux de We Love Green portent sur la traçabilité des produits utilisés, de saison, bio et locaux, l'élimination du plastique jetable, la réduction des déchets et la mise en place de dons des invendus à des ONG. La démarche a été lancée à travers un appel d’offre aux prestataires de restauration habitués aux festivals et événements à grand public.
Le Cabaret Vert organise un festival de musique annuellement et suit 12 objectifs. Inspirés des 17 objectifs de développement durable, ces objectifs visent à impliquer toutes les parties prenantes (bénévoles, salariés, prestataires, partenaires, médias et public).
Ce guide se base sur l’initiative inspirante portée par l’AIF (Association of Independent Festivals) et la RAW Foundation au Royaume-Uni. Sur l’inspiration d’une charte de 60 festivals anglais, le collectif R2D2 (réseaux régionaux d’accompagnement des événements au développement durable) a traduit ou recontextualisé les contenus de celle-ci pour diffuser des connaissances et des conseils sur l’usage de plastique.
Dans le cadre d'Alternatives Vertes, l'association Mieux manger au ciné a reçu un financement afin de réduire l'empreinte carbone de l'offre alimentaire dans les salles de cinémas, en créant une plateforme en ligne qui permet aux cinémas adhérents de commander sans intermédiaire les produits écoresponsables sélectionnés : zéro déchet, distribution et livraison en circuit-court, activités de restauration et de points-relais dans les cinémas.
En savoir plus sur "Mieux manger au ciné" et Haut et Court
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